Le Cri de l'asphalte by Serge Antoine Séguret

Auteur:Serge Antoine Séguret
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Fleuve noir
Publié: 1997-01-01T05:00:00+00:00

Chuck interroge d’un regard dubitatif le Sorcier qui demeure impassible. Est-ce possible ? La spéciale Mac Alan serait passée entre les mains du Sorcier d’Anheim ? Mais c’est complètement dingue, ça !

Un sourire passe dans les yeux du colosse.

– A cette époque, j’étais concessionnaire Münch, ce qui explique que Mac Alan m’ait contacté. J’ai transmis la commande à Friedel Münch, avec pour ordre de la livrer à Ville-Sud...

– Pourquoi ? demande Chuck.

Le Sorcier ne se dépareille pas de son sourire.

– Retourne la lettre, petit. Qu’y a-t-il de crayonné ?

Chuck s’exécute à la volée pour lire au verso un énigmatique « Transmis copie dossier à AM le 16 mai 1995 », et dans un autre coin de la feuille, cette ligne griffonnée à la hâte : « Confirmation réception moto par téléphone 2 juillet 1995 ».

Chuck est de plus en plus largué, et ça ce voit à ses yeux ronds comme des queues de vilebrequin. Le Sorcier vient à la rescousse.

– Le dénommé « AM » était à l’époque l’autre concessionnaire Münch du pays, établi à Ville-Sud. Or, là-bas, il y avait également un grand préparateur pour ce type de moteur, BEZ ou BUZ, je ne sais plus trop. Voilà pourquoi j’ai tout envoyé là-bas.

Un éclair féroce passe dans les yeux du Sorcier. La négociation reprend...

– Je ne peux pas te dire si cette bécane est toujours là-bas, je ne sais d’ailleurs pas où les Mac Alan résidaient, à l’époque. Je sais que c’est du côté de Ville-Sud, puisque tous les courriers, fax et téléphone transitaient par là-bas. Pour le reste, mystère... La spéciale Mac Alan, je l’ai découverte dans la presse, comme tout le monde. En 1996 ou 1997, je ne sais plus trop...

Chuck savait qu’en venant à Anheim, il en saurait plus sur sa belle. Mais il est un peu déçu. Ville-Sud, c’est foutrement loin et il n’a même plus de scot, son Pigeot ayant été détruit suite à un contact un peu viril avec un cops.

Le Sorcier pose ses mains à plat sur le bureau, redresse le torse, fixe Chuck.

– Voilà ce que je te propose. Si tu acceptes la mission, je te donne une super bécane et suffisamment d’essence pour que toi et ton pote puissiez rejoindre Ville-Sud. Ça te va, comme accord ?

Chuck n’en demandait pas tant. Putain, une bécane pour lui tout seul ! Il acquiesce vivement de la tête.

Le Sorcier paraît satisfait.

– Bien. Alors la mission, c’est...

*

La discussion qui suivit dura près de deux heures. Lorsqu’ils quittèrent l’antre d’Anheim, ils savaient qu’ils largueraient bientôt leur ville pourrie. Pour eux, ça commençait à sentir rudement bon le bitume frais. En plus, la bécane que le Sorcier leur faisait livrer sur l’heure était un truc tout à fait acceptable, pour un début...

La suite se déroula comme à l’aller : escorte par les British, yeux masqués, attachés, et « livraison » dans l’ancienne station de tramway où ils retrouvèrent leur scot. Il fallut ensuite traverser la ville de nuit – bonjour les cops ! – , passer chez Joe se ravitailler en hams, tout ça pour rejoindre leur loft à une heure pas possible.

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